Sur les portails internet spécialisés, les publicités sur la reprogrammation de véhicules sont nombreuses. L’objectif est d’installer une nouvelle puce électronique ou de mettre à jour celle-ci. Si optimiser les performances de sa voiture est une initiative plutôt alléchante, certains inconvénients sont à craindre. Maître Jean-Baptiste Le Dall, avocat en droit automobile, en atteste.
Ce dernier explique que « la reprogrammation de votre moteur passe par une modification des paramètres d’usine du calculateur électronique de votre voiture. On va venir modifier les données du calculateur moteur, également appelé UCM (unité de contrôle moteur), ECU (engine control unit) ou BSM (boîtier de servitude moteur) ». En d’autres termes, la modification ne concerne pas les composants de la motorisation de votre véhicule. Les spécialistes vont uniquement travailler au niveau du logiciel de la voiture, ce qui va apporter son lot de risques.
Qu’en est-il de la reprogrammation par rapport à votre assureur ?
Souvent, les modifications de l’électronique réalisées sur les véhicules ne sont pas déclarées aux compagnies d’assurance. Il faut pourtant savoir que lors de la souscription d’un contrat, l’étendue de la couverture dépendra des spécificités de la voiture. À titre d’exemple, les risques auxquels vous vous exposé ne sont pas les mêmes si vous conduisez une BMW série 3 de 220 ch ou un modèle de 180 ch. De ce fait, les couvertures seront différentes d’un modèle à l’autre.
Si une intervention a ainsi été réalisée sur votre véhicule et que vous n’en informez pas l’assureur, il sera alors en droit d’affirmer que vous avez fait une fausse déclaration. En cas de sinistre, il pourra ainsi refuser de vous assurer.
Précisons qu’il s’avère plutôt aisé pour les concessionnaires d’affirmer qu’une intervention a été faite sur un véhicule. Pour cela, ils n’auront qu’à brancher une valise de diagnostic à la voiture. Lors d’un accident, c’est d’ailleurs la première action que réalisent les experts.
Des situations de nullité du contrat d’assurance ont ainsi été observées. On peut, entre autres, parler de la décision émise par le Tribunal de Grande Instance de Melun le 25 novembre 2014 et ratifiée par cour d’appel le 20 juin 2016. Dans les faits, la compagnie d’assurance du véhicule a résilié le contrat signé par le propriétaire. Le motif étant une fausse déclaration. D’ailleurs, si vous n’êtes pas couvert et qu’un tiers décède ou est blessé gravement, vous pourriez payer un dédommagement pouvant atteindre des centaines de milliers d’euros.
Quels résultats attendre d’une reprogrammation ?
Le gain de puissance est le principal objectif d’une reprogrammation moteur. Selon les experts qui réalisent ce type de service, une optimisation de 10 à 35 % du nombre de chevaux est possible. Parmi les avantages de la pratique, on compte également la diminution notable de la consommation en carburant de 10 à 20 %.
Eu égard à la démocratisation du superéthanol E85, plusieurs spécialistes se disent par ailleurs capables d’assurer la modification de votre voiture sans que vous ayez à acquérir un kit dédié. L’installation d’une puce électronique dans le moteur est aussi envisageable pour booster ses capacités.
Quels sont les risques après la modification d’une voiture ?
Maître Le Dall confirme que la reprogrammation d’un moteur confère de meilleures performances à une auto. Il tempère toutefois en précisant qu’après l’opération, le véhicule ne sera plus le même, qu’il sera notamment différent de sa version initiale, celle sortie d’usine. Les cartes sont donc redistribuées et de nouveaux problèmes peuvent en résulter. À titre d’exemple, le véhicule devra être homologué une nouvelle fois pour être légal et pour avoir l’autorisation de circuler sur la voie publique.
Homologation : vraiment nécessaire ou pas ?
Dans l’Hexagone, c’est un arrêté qui date de 1954 qui régi la reprogrammation d’un véhicule. Une annexe a ensuite été publiée en 1974. Les textes stipulent qu’une nouvelle homologation est indispensable après n’importe quelle modification réalisée sur une voiture. Pour obtenir cette approbation, il faut passer par la DREAL. Malheureusement, peu de propriétaires le font actuellement. Une situation très risquée, selon Maître Le Dall.
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